(Allez voir le Billet :: "Mise au point ....", si vs avez des soucis pour écouter les morceaux de musique )

                                 IL Y AVAIT BIEN UN HOMME DERRIÈRE LES RESIDENTS ET IL EST MORT. 

Décès de Hardy Fox, tête pensante longtemps restée anonyme du groupe d'avant-garde 
pop américain, pour lequel il avait produit des dizaines d'albums depuis la fin des années 60, 
avec un génie de satiriste sans équivalent. Il avait 73 ans.




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Il traînait dans le sillage du plus grand mystère de la musique pop américaine : 
The Residents et cette obscure «Cryptic Corporation» que l’on a toujours fantasmée 
comme une sorte d’intendance du groupe californien. Les Residents : ni nom, ni visage ; 
le fameux globe oculaire – l’artiste est un œil avant d’être un cerveau 
( mais il est quand même mort d’un cancer du cerveau!!). 
Les premiers méfaits sonores du groupe remontent au début des années 70
pendant près d’un demi-siècle, personne n’a percé le secret, laissant augurer d’une tournante 
(une franchise Residents ?) derrière les masques, ou bien de remplacements au fil des séparations ou décès, ou bien…




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Fichier vidéo intégré



Les Residents, c’est lui ou presque. Sur le site internet du groupe on pouvait y lire ceci : 
«C’est avec une grande tristesse que la Cryptic Corporation annonce le décès d’un associé 
de longue date, Hardy Fox. Comme président de la corporation entre 1982 et 2016
il a fait bénéficier l’entreprise de son instinct et de son leadership, mais sa vraie valeur se trouve 
dans son association de long terme avec Les Residents.
Comme producteur, ingénieur du son et fournisseur de l’essentiel des compositions, 
l’influence de Fox sur les Residents fut indélébile. En dépit de l’absence de formation, 
on sens musical était unique, hautement raffiné ( comme Moa bien sur)  
et prolifique ; son amour de l’absurde était délicieux.
 
                                                                             Il sera regretté.



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Deux axes porteront le groupe pendant des décennies. 
Le premier dit qu’un artiste est le plus créatif possible quand il se coupe de la reconnaissance du public : 
le groupe poussera ainsi le bouchon jusqu’à enregistrer un disque destiné à ne pas sortir
Not Available («non disponible») –il le sortira quand même, mais des années plus tard. 
Un autre principe qu’ils suivront longtemps : changer le contexte (d’une chanson, d’un son), 
c’est changer le sens. Dès leur premier album (censément exhumé des décennies plus tard, en 2015, 
ce qui laisse planer un doute sur sa véritable date d’enregistrement, compte tenu des pratiques du groupe), 
Baby Sex, ils pillent sans vergogne le riff de "Down by the Borderline" de Tim Buckley 
tout en intitulant le résultat We Stole this Riff, soit «nous avons volé ce riff». 
En 1976, les Residents poussent cette logique au bout en enregistrant leur grande œuvre, 
le disque qui les portera jusqu’à la nuit des temps :" Third Reich 'n Roll"
deux faces respectivement intitulées Swastikas on Parade («les croix gammées à la parade») 
et Hitler was a Vegeterian («Hitler était végétarien »)




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En 2011, dans la revue en ligne américaine The QuietusHardy Fox ouvre une autre piste 
pouvant expliquer l’essoufflement parfois du groupe : 
«La culture a changé de manière imprévue. La vie exige de la flexibilité mais un manifeste est 
un bon moyen de faire comprendre ce que vous voulez faire quand vous commencez. 
Nous devrions tous écrire des manifestes à 12 ans.»





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En 2001, le projet High Horses était basé sur la musique des manèges dans les parcs d’attractions
ce qui l’a conduit à «faire tournoyer» le son pour que l’auditeur ressente l’impression du carrousel
Sur la pochette, le groupe précise qu’il est parti d’une «hallucination auditive» de l’un des membres, 
qui se serait défoncé au LSD dans sa jeunesse dans une foire
Pour raconter avec pareille puissance d’évocation l’Amérique invisible, 
il fallait sans doute un groupe qui le soit tout autant.




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