Le Renard des Marais vient hélas de nous quitter, victime d'un arrêt cardiaque.
Il était une véritable figure du rock sudiste américain et du swamp rock,
Ce genre qui mêle blues, country, Americana, boogie, rock et R & B.
Compositeur, chanteur, guitariste, harmoniciste, une légende s'est tue. Repose en Paix, Swamp Fox...
TONY JOE WHITE (Louisiane)
Né le 23 juillet 1943.
Actif depuis le milieu des 60’s.
Le
Swamp Fox s'en est allé.
La Louisiane, le plus
francophone des états d’Amérique,
a donné le jour à l’un des plus brillants artistes de rock : Tony Joe White d’Oak Grove
surnommé le Swamp Fox, le Renard des Marais, ce milieu boueux et vaseux des bayous de son enfance.
Une voix qui traîne, une gratte qui wah-wahte, de la couleur locale dans son écriture,
Tony Joe a plus facilement et plus rapidement connecté avec les Européens et la France
qu’avec les siens auxquels il a pourtant laissé comme héritage Polk Salad Annie ainsi
que Rainy Night In Georgia, dont le déclencheur n’est autre que Ode To Billie Joe de Bobby Gentry,
titre couvert avec succès par Ray Charles notamment.
De la Louisiane au Texas, du Texas au Tennessee.
Gamin d’une marmaille de sept enfants, fils d’un cultivateur de coton et d’une mère cherokee,
le petit Tony Joe partage son enfance entre la plantation où il alterne jeu et travail,
la rivière proche et les marais et, plus tard, la guitare et le chant, hérités dé soirées
sous la véranda à interpréter, en famille et autour du père, country et gospel.
L’enseignement de la six cordes se fait en autodidacte.
Grâce à son frère aîné qui a la bonne idée
de le confronter à un disque de Lightnin’ Hopkins,
il s’éprend du blues et se met en tête d’emprunter également cette voie bluesy.
Dans de
petits groupes texans d’abord, avant de frapper aux portes de
Nashville et de décrocher le gros quand Bob Beckham, impressionné par le personnage et l’artiste,
accepte d’écouter ses chansons et de lui donner le petit coup de pouce qui amène le label Monument à le signer.
Ses premiers singles n’impriment pas auprès du public américain et c’est en France qu’il perce
dans un premier temps avec soul Francisco (1968).
L’effet White s’étend à l’Europe,
mais il développe une belle base de fans en Australie également. C’est chez nous
et en Allemagne que les termes de Swamp Fox et de Swamp rock, mélange de blues, de rock, de country,
de boogie et de styles musicaux issus du creuset musical louisianais, est prononcé
pour la première fois pour qualifier et l’artiste et sa musique. Le nom aurait été inventé
spécialement pour lui qu’il n’en serait pas étonnant tant il colle à cet environnement.
« En France,
Soul Francisco a été mon premier succès. Bien Avant
Polk Salad Annie.
L’anecdote veut que, alors que je jouais au Texas, dans un club de Corpus Christi,
mon manager déboule pour me dire que j’ai des interviews à accorder à la presse française à ce propos.
Pour moi, c’était comme si j’étais sur Mars. C’est plutôt marrant, car rares étaient les disques
de langue anglaise à réussir là-bas. Mais les français se sont connectés à ma musique juste
pour son âme et pour ce que restituait la chanson. J’y ai donné à cette époque un concert
devant 2000 personnes. Juste moi et ma guitare. Ils ne comprenaient rien aux paroles,
mais je les ai vus danser et applaudir comme des fous. C’était vraiment génial. » (Tony Joe White)
Des hauts et des bas.
Black And White (1968) est son premier LP. Les deux suivants Continued (1969) et Tony Joe
sont également réalisés pour Monument ( le label ), une excellente période pour lui.
Warner Brothers prend le relais de 1971 à 1973, sans que le succès commercial ne vienne couronner
ce créneau : Tony Joe White (1971), The Train I’m On (1972) sont cependant deux albums forts
de son catalogue et Home Made Ice Cream (1973), un bon moyen de gamme plus.
Tony Joe se fourvoie dans son expérience avec l’étiquette 20th Century (Eyes/1976),
ce qui lui donne matière à réfléchir et à s’octroyer une pause de laquelle il émerge en 1980
avec The Real Thang pour Casablanca. Depuis il est réapparu sous un angle favorable avec Lake Placid Blues (1995)
puis avec One Hot July trois ans plus tard. A l’amorce des années 2000, Tony Joe
retrouve une belle écriture et enchaîne toute une série de LP de très bon niveau.
Le dernier en date, Bad Moothin' (2018) et ses 5 titres originaux n’échappe pas à cette bonne habitude
prise par White depuis le début du troisième millénaire ; il fait montre d'une grande forme,
proche de celle qu'affichait le Tony Joe du début de carrière.
Les années d’errance étaient désormais derrière lui.
Il vient malheureusement de s'éteindre à 75 ans. Paix à son âme et merci.
(Allez voir le Billet :: "Mise au point ....", si vs avez des soucis pour écouter les morceaux de musique )