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Depuis son premier album, « The Reckoning » (2008), Asaf Avidan transforme ses émotions en chansons, 
qui lui permettent de raconter ses coups de foudre irrésistibles, ses cruelles déceptions ou ses ruptures chaotiques. 
« Ce que j’essaie de faire, c’est de m’exprimer la tête haute, sans me plaindre, même quand mon cœur 
est brisé en mille morceaux. Il y a quelques mois, j’ai sincèrement pensé à me jeter par la fenêtre et puis, 
au dernier moment, je n’en ai pas eu le courage. » 
A la place, il a pris sa guitare sèche pour composer la chanson « The Study on Falling », 
point de départ de ce nouvel album
Brillant d’un folk dépouillé enregistré en Californie avec la crème des musiciens américains, 
il a été écrit entre Hawaii, Tel-Aviv, Los Angeles, Berlin… au gré de ses pérégrinations de troubadour sentimental.



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Après une longue relation de sept ans, Asaf a décidé d’abandonner la monogamie. 
« J’ai observé les couples autour de moi. Les gens se trompent, divorcent, sont incapables d’être heureux, ils oublient leurs envies… 
C’est sans doute une question de maturité mais moi, je suis incapable de tels sacrifices. » 
Lorsqu’il rencontre la femme qu’il surnomme Green, celle-ci lui propose d’expérimenter le « polyamour » 
(comme il le définit lui-même), avec une certaine Blue. Asaf adapterait donc les influences seventies 
de sa musique à son mode de vie personnel ? « Ce n’est pas qu’une question de sexualité libérée, 
car les sentiments primaient sur tout. Green, Blue et moi ne nous sommes pas revus 
depuis notre rupture, très douloureuse, il y a quelques mois.



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Je leur ai dédié mes nouvelles chansons. Elles leur ont fait beaucoup de peine alors que, pour moi, cet acte était libérateur. 
J’en suis désolé... Mais pas suffisamment pour ne pas sortir l’album ! » 
D’autant que le triolisme y est davantage suggéré qu’explicité clairement grâce à un usage subtil de métaphores. 
« Nous ne saurons jamais comment les humains sont venus sur Terre et c’est pour cette raison que nous avons inventé Dieu, 
afin de ne pas être seuls au milieu de ce vide intersidéral. 
Sinon, nous serions tous en train de tourner en rond en hurlant. » Comme Asaf l’affirme haut et fort, 
il ne croit en aucune religion mais en l’amour avec un grand A : « Le monde est bien trop ardu pour que l’on puisse s’en passer… 
Sans ça, j’aurais déjà pris une dose mortelle de somnifères ! 
C’est l’une des meilleures armes pour combler le vide et lutter contre la peur de la solitude. » 
Ainsi soit-il. On l’aura compris, Eros et Thanatos sont les deux grandes obsessions d’Asaf
qui les décline à travers ces ritournelles habitées de nombreuses références bibliques – comme chez Leonard Cohen, père spirituel de « The Study on Falling ».



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Avec tout le pouvoir de ce 3éme album international- le 6éme, si on inclut ses trois albums made in Israël
le baladin surdoué Asaf Avidan s’impose désormais comme le fils le plus spirituel de Bob Dylan
battant largement Jakob Dylan au jeu de la filiation, avec cette sublime collection de 11 compositions 
ciselées et orfévrées comme autant de joyaux précieux. Avec une telle puissance émotionnelle 
et autant d’atouts majeurs, au niveau textes comme à celui des compositions, 
on ne peut que tomber…amoureux de ce « The Study On Falling »…in love 
Comme une gigantesque ombre tutélaire, la figure paternelle de Bob Dylan est, en filigranes, 
omniprésente dans cet album. Et je serai presque tenté d’écrire doublement. 
Car non seulement le folk poète de Jérusalem a enregistré ce « The Study On Falling » au studio Shangri-La de Malibu…
the Band a capturé jadis le LP « Nothern Lights- Southern Cross » en 75, 
soit juste un an avant le sublime chant du cygne « The Last Waltz », mais aussi il a choisi de faire produire ce 6éme projet 
par Mark Howard…qui a signé la réalisation du « Time Out Of Mind » d’un certain…Bob Dylan.



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Certes plus piano que guitare, avec ce « The Study On Falling » Asaf Avidan fait preuve d’une incroyable maturité. 
À seulement 37 ans, il atteint des sommets où ne survivent que ses ainés bien plus âgés que lui. 
Dés le tout premier titre « To Love Another », un slow balade plus « Suzanne » de Leonard Cohen que 
« Positively 4th Street » de Dylan mais néanmoins fulgurante de beauté , d’harmonie 
et d’une inexorable mélancolie. Avec « My Old Pain » retour à la case Zimmerman, avec un petit détour par celle de Mark Knopfler
que l’on sait adorateur de producteur de Dylan- avec la vibrante composition 
qui porte en étendard la douleur pour mieux l’exorciser sur un mode country folk aérien 
qui nous arrache à cette fichue attraction terrestre. Suit « Sweet Babylon », pulsé comme un cœur qui bat la chamade, 
avec sa voix féline d’écorché vif si puissante et pourtant si fragile, 
Asaf Avidan téléporte la country music vers son futur le plus proche entre le « Cass County » de Don Henley 
et les standards les plus sombres du man in black, Johny Cash
« Good Girls Are Falling Apart » est un slow mélancolique interprété en piano voix, presque a capella, 
plus lyrique que Dylan, mais où l’on retrouve la même puissance poétique d’une voix 
poussée à son paroxysme, comme une douleur, voire presque une cassure
À l’écoute de « A Man Without A Name », on se dit que l’on connaissait le horse… et que désormais, 
voici l’homme sans nom et nul besoin de désert pour l’appréhender.



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Il est peu Tom Waits pour le côté déchiré, délatté, halluciné … mais il est impossible de demeurer indifférent face à tant d’émotion. 
« J’ignore si je peux à nouveau trouver l’amour », se demande Asaf Avidan, car il est à nouveau question d’amour, 
un sentiment qui constitue le moteur incontestable de son art. Ma favorite de cet album majeur est incontestablement « Green and Blue », 
où une pure guitare country fait le slow entre Dylan et The Band de manière intemporelle et lyrique sur fond de slide
Et l’on se retrouve téléporté entre « The Weight »…et le « Wild Horses » des Stones…carrément ! 
La chanson-titre « The Study On Falling » est sans doute plus insouciante, plus aérienne. 
Mais c’est avec la sublime « Holding On To Yesterday », le plus beau titre du CD, très proche de « The Girl From the North Country » 
de Dylan ( Oh Dylan sort de ce Corps) sur « The Freewheelin’ Bob Dylan » en 63, 
qu’ Asaf nous transporte au 7éme ciel de l’histoire du rock, nous laissant sans voix face à son talent abyssal.



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Plus légère, « No Stone Unturned » joue le pari gagné du slow mélancolique, tandis que « The Golden Calf », 
le veau d’or, sarcastique poème contre la société de consommation, nous perce de part en part de toute sa tristesse
Enfin l’album s’achève sur cette « Twisted Olive Branch », qui porte en elle tout le désir de paix de l’artiste israélien; 
elle est aussi mélancolique qu’une sonate de Chopin interprétée un sombre matin d’hiver : 
elle incarne grâce et légèreté… et prouve qu’avec Asaf Avidan l’amour sera toujours plus fort que la haine. 
Et c’est sans doute ce qui rend son art aussi vertigineux, car il faut bien convenir que 
« The Study On Falling » est tout simplement monumental. 
                       .Un monument qui saura, j’en fais le pari, défier le temps.



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