Vous en conviendrez avec moi, qu’il est plutôt rare de vous parler
post-rock,
tant cette musique a semblé à un moment se contenter de proposer encore
et toujours la même formule. Les choses n’ont pas beaucoup changé en 2017.
Mais il faut reconnaître que de temps à autre surgit un groupe qui utilise ce langage
pour développer des compositions d’une grande classe, capables aussi bien
de te plonger dans de belles rêveries que de te plaquer au sol sous un mur de son salvateur.
Finalement, le post-rock se situe désormais à peu près au même niveau que les autres courants
musicaux actuellement, comptant dans ses rangs une forêt de groupes pas très inspirés
qui font du crowdfunding au lieu de prendre le temps de maturer,
et seulement quelques groupes plus talentueux qui te rappellent
le bien fou que procure la musique quand elle est bien faite.
Meniscus est donc un groupe de post-rock, et qui plus est à peu près tout
ce qu’il y a de plus classique dans le genre. Pour autant, voilà quatre Australiens qui avec ce "Refractions",
leur second album, proposent huit morceaux aux ambiances évolutives qui ne se contentent pas
de préparer pendant dix minutes une explosion qui représente à peu près le seul intérêt de l’entreprise.
À ce petit jeu, ils se débrouillent d’ailleurs au moins tout aussi bien que leurs compatriotes
et collègues de label Dumbsaint, auteurs d’un bien joli Panorama en 2015
Souvent
mélancolique, me rappelant par cet aspect le superbe
Solace des néo-zélandais de
Jakob,
la musique proposée par Meniscus a le bon goût de respirer l’honnêteté et de chercher avant tout
à construire son univers. Elle n’hésite pour cela pas à insuffler un peu de math-rock dans sa machine
quand il faut rendre celle-ci un peu plus nerveuse, mais l’efficacité et l’accroche mélodique
sont toujours privilégiées devant la débauche de technique.
Et si on entre dans ce monde un peu à reculons, on se prend au jeu au fur et à mesure des pistes,
l’intérêt pour la suite de l’histoire se faisant de plus en plus fort tandis que le disque se déroule.
Et si, parfois, on trouve sur notre route quelques poncifs un peu faciles et niais
empruntés à des trucs bien moches genre And So I Watch You From Afar ou Maybeshewill,
ils sont assez vite oubliés.
Car, ce que l’on retient avant tout de
cet album, et ce dès la première écoute,
c’est l’étendue des paysages et des couleurs qui se trament sous tes oreilles,
de même que certains riffs et mélodies vraiment bien trouvés. Et c’est surement ça le plus important.
En ces temps de changement d’horaire peu propices au sommeil, vous voilà donc
en face d’un compagnon plutôt recommandable pour vos divagations nocturnes.
Évitez cependant de vous endormir avant la fin car les deux derniers titres,
en choisissant d’être plus enlevés et rythmés que le reste du disque,
clôturent à merveille un bien joli parcours qui n’a pour unique prétention que celle
de vous faire prendre un peu de hauteur, et d’admirer alors un peu la vue.