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                                                                                                          UN FRÈRE DE BLUES



S’il a fait ses débuts dans le groupe de son père lorsqu’il était enfant, Bror Gunnar Jansson 
se présente désormais seul sur scène, armé d’une guitare et d’une batterie. Le natif de Goteborg en Suède fait du blues 
comme ses idoles de toujours, Howlin’ Wolf et compagnie : avec ce supplément d’âme torturée 
sans lequel on finirait par s’ennuyer ferme. Pas question de ça ici : sa voix lui confère une aura à la Tom Waits
et chaque live est une performance qui vous envoie directement vers les paysages les plus glauques du sud des Etats-Unis.



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Une silhouette de dandy, une mèche rebelle, un visage poupon et une bouche qui se déforme sous la torture du blues qui l’habite. 
Bretelles et pantalon trop court, Bror Gunnar Jansson ôte toujours ses chaussures en arrivant sur scène, avant de s’installer devant un attirail taillé sur mesure. 
Rien de clinquant. Une guitare électrique «pas chère» sur laquelle figure une inscription au Dymo collée en haut du manche : «Death where they sting» 
(«La mort où elles piquent»). Une ficelle est attachée au manche pour pouvoir l’accrocher à son mur. «Pas de Gibson ou de Fender, je n’aime pas ces sons-là.» 
Pour lui, les groupes de référence seraient plutôt «National et Harmony». Sur scène, Bror rentre dans la peau d’un homme-orchestre 
en utilisant son étui de guitare, sur lequel il a placé une pédale de grosse caisse, mais aussi une caisse claire, un charleston bricolé 
et, derrière lui, un décor style triptyque avec un papier peint pouvant dater des années 50. 
A chaque fois, Bror («frère» en suédois) Gunnar Jansson s’entoure de son petit monde qu’il trimballe partout. 
Au rythme d’un swamp des plus crus, il gueule ses paroles sur une mélodie qui vous replonge les deux pieds dans les champs de coton
Originaire de Lerum, petit village du nord de Göteborg, le jeune homme de 27 ans est dans la musique, puis bercé au blues, 
avant de faire tout le trajet seul vers les origines d’un style qui lui arrache les tripes. «A 12 ans, mon père contrebassiste m’a fait écouter des enregistrements 
de Muddy Waters, de Howlin’ Wolf et bien d’autres. Puis j’ai commencé à chercher dans l’histoire de la musique américaine, 
des mountain ballads, dans le gospel… J’y ai trouvé des raretés, mais aussi des grands noms 
comme Charley Patton ou les Staple Singers, dit-il. Mais j’ai dû m’arrêter vers les années 20, faute d’enregistrements.»




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L’influence du père, avec lequel il joue toujours au sein de la formation Serves You Right to Suffer, en hommage à John Lee Hooker, va guider les pas du "fiston". 
Haut comme trois pommes, Gunnar Jansson utilisait déjà le violoncelle familial comme une contrebasse. A 10 ans, il opte pour le saxophone puis la basse électrique
«Au lycée, je faisais la chorale et je me suis rendu compte que je pouvais chanter», se souvient-il.Vers 20 ans, il quitte le groupe 
de son adolescence et se met à jouer seul. Un soir dans un club de la grande ville du sud de la Suède, il emprunte la guitare espagnole de son père 
et se lance dans l’aventure. Bror, également surnommé «Gugges enmanna» - Gugges étant le diminutif de Gunnar et «enmanna» signifiant «un seul homme»  
hurle ses paroles, où il mêle poésie et politique, sur des phrasés blues profonds. «J’écoute attentivement les bruits de la vie, dit-il. 
C’est ce qui m’inspire pour mes sons et mes mélodies.» La Suède a déjà eu des chanteurs de blues dans le passé. 
Dans les années 70, des duos style Peps och Slim avaient même immortalisé en suédois les plus grands classiques du genre. Gunnar Jansson, lui, 
ne chante plus dans sa langue maternelle. «En suédois, j’écrivais plus sur moi et je ne me sentais pas à l’aise, explique-t-il. 
En anglais c’est plus facile. Je mets en scène divers personnages et je raconte leur histoire.»



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Ainsi «Butch», le boxeur de Pulp Fiction, un de ses thèmes favoris. William Joseph Dean en est un autre, qui raconte l’histoire d’un meurtrier 
tiré d’un conte ancien de son village. Un peu comme tous ces acteurs du blues qui ont souvent eu des histoires tragiques, 
tels Robert Johnson, empoisonné par un mari jaloux, Huddie Ledbetter, condamné pour meurtre, ou Sonny Boy Williamson, assassiné à la sortie d’un concert. 
Gunnar Jansson confirme : «Charley Patton était constamment en train de se battre, et un jour il a eu la gorge tranchée, mais il n’est pas mort. 
Il y a aussi Son House, qui a été arrêté pour meurtre… Tous ont eu des vies trépidantes.» 
Gunnar Jansson également, sillonnant l’Europe en tous sens, même s’il n’a encore jamais mis les pieds aux Etats-Unis. 
Pour l’instant, il effectue son dernier semestre universitaire en musicologie (artistic bachelor degree), 
et sait que dans peu de temps, il lui faudra choisir entre travailler ou continuer à jouer.



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On croyait tout connaître des one man band. On croyait que la formule touchait vite ses limites. Mais ça, c'était avant. 
Avant que n'arrive cet intriguant suédois au nom à coucher dehors (avec une Suédoise de préférence). Un one man band, donc. 
Du blues, donc. Mais du raw blues «à atmosphères», du raw blues habité, voire hanté. Lorsque l'on joue une musique minimaliste, 
il faut être d'autant plus attentif au son et aux arrangements. Et Bror Gunnar Jansson semble avoir un génie particulier pour ça. 
Sur chaque titre, il trouve exactement le son de guitare qui convient, le bon effet sur la voix, la petite percu qui fait mouche. 
L'intro de «Butch», au hasard : il lui suffit d'une belle reverb' sur la guitare et d'un shaker pour que nos poils se dressent instantanément. 
Ce gars-là joue le blues avec une classe folle, loin des terres boueuses du Delta. Du raw blues, alors ? Et bien plus que ça encore, 
tant notre Suédois semble exceller partout. «William is back» est une charmante valse avec trompette mariachi
«One for earth», un lancinant et obsédant dialogue entre une guitare électrique et un, hum, saxophone. Oui, madame, un saxophone ! 
Et le pire, c'est que ça marche ! Et puis, il y a.... «New mountain ballad n°1», la ballade romantique avec violoncelle ( Héhé Mario ). 
Le truc qui aurait pu virer au naufrage chez n'importe qui d'autre. Et là, on nage dans les hautes sphères de la magie. 
8 minutes addictives qui feraient chialer un homme de Néandertal fraîchement décongelé
Messieurs, vous tenez enfin votre arme fatale pour conquérir le cœur de la belle qui depuis toujours vous refuse ses faveurs. 
Garantie satisfait ou remboursé. Pour être tout à fait complet, il m'aurait fallu évoquer les qualités de compositeur 
et de vocaliste du bougre, qui n'a pas volé ses 5 cornes de rhino.



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Adepte des sueurs froides et des rythmes primitifs du blues, il sait varier les plaisirs et les ambiances, ralentir les tempos et composer de vraies chansons. 
Seul sur scène, il ajoute sur disque un saxophone, de l’orgue, du violoncelle et tout un tas d’effets de production. 
Eclectisme et ouverture, qui devraient mener ce disque au-delà du cercle restreint des amateurs de blues bizarre
“J’ai confiance dans mon intuition, dans ma vision d’une chanson. Et j’aime tout écouter, j’écoute du jazz contemporain ( un problème Pascal ?), 
des musiques improvisées. J’aime tout, tant que ce n’est pas trop commercial. Je ne comprends pas les choses commerciales, en général.
Bror Gunnar Jansson le dit et l’assume, il n’aime donc pas ses compatriotes d’Abba ( moi non plus , cela vous étonne ! )
Et c’est le seul défaut qu’on lui connaisse.




                                               Ecoutez Ce morceau    :::::

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Aussi doux quand il parle qu’animal quand il chante, ce gentleman-bluesman devient esclave de lui-même en quelques secondes, 
juste à l’écoute d’un simple boogie. «J’ai l’amour de la musique. Je pense musique. Je vis musique !» 
Envoûtant
 Si Bror Gunnar Jansson a un nom invendable, je souhaite quand même à Normandeep Blues Records d'en fourguer des wagons. 
                                      Et le monde sera alors plus beau.

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